Vous ne le connaissez peut-être pas très bien et pourtant vous l’avez forcément déjà entendu. Remixer officiel des plus grandes stars de la pop, DJ dans les plus grandes soirées gays de France, c’est aussi en partie à lui que l’on doit les célèbres soirées Glam as You, qui ont rythmé les nuits gays parisiennes de 2003 à 2006. Pour en savoir un peu plus sur ses prestigieuses collaborations, nous sommes partis à sa rencontre.
Salut Guena LG, peux-tu te présenter ?
Guéna LG : J’ai 33 ans, je suis DJ producteur. J’ai commencé à faire du dj-ing dans ma chambre puis dans des soirées d’écoles de commerce. De fil en aiguilles j’ai été amené à remixer « Take me home » de Sophie Ellis Bextor, puis « Murder on the dancefloor » et puis Britney Spears, et puis Kylie, et puis Enrique… au final j’ai dû faire plus de 50 remixes en 10 ans. J’ai mixé en club jusqu’à ce qu’on me conseille de faire mes propres titres. J’en avais envie depuis longtemps mais je manquais de temps. Aujourd’hui, j’ai enfin des titres prêts, dont « Brighter », et j’espère sortir un EP au printemps.
Tu as mixé les tubes des plus grands de la pop… Comment y es tu arrivé ?
C’est la maison de disque en général qui vient vers moi. Ensuite, quand un remix marche, ça en amène forcément d’autres. Le remix de « Get over you » de Sophie Ellis Bextor s’est retrouvé playlisté sur FG et ça a clairement attiré l’attention d’autres personnes. Tout comme le remix de « Just dance » qui avait été synchronisé dans « Tap Tap Revenge » et d’autres compils. Les opportunités, c’est un vrai jeu de dominos.
Justement, à propos de « Just Dance », raconte nous ta collaboration avec Lady Gaga ?
On m’avait envoyé son titre « Just Dance » en me disant que j’allais l’adorer, que je devais absolument remixer cette nouvelle artiste. Je l’ai rencontrée en 2007 à Los Angeles lors d’un showcase. Elle n’était pas du tout satisfaite de son show, il y avait eu des problèmes techniques, elle était en pétard dans les loges. Elle avait des godasses compensées en « boule à facettes » : je lui ai demandé si elle avait les mêmes en 43 : elle a explosé de rire. Depuis c’est une confiance mutuelle qui s’est instaurée. Elle est très loyale, elle n’oublie pas d’où elle vient, qui l’a aidée, qui a été là pour elle. Elle est très sympa et très drôle.
Tu as une anecdote avec Gaga?
Une des premières fois qu’elle est venue à Paris, on l’a amenée à l’expo de David Lachapelle puis on s’est baladé dans Saint Germain et on a fini dans un brasserie à manger des huîtres et des escargots : elle adore la bouffe française. On a bu un peu trop au point que ses faux cils sont tombés dans les profiteroles et qu’elle se les recollait sur les yeux… on a hurlé de rire.
Qui as-tu préféré mixer ?
Si je devais en retenir cinq, je dirais Gaga parce que je la trouve vocalement incroyable et que j’adore ses titres. Quand on m’a demandé de remixer Mylène Farmer, c’était comme réaliser un rêve de gosse. J’ai beaucoup de respect pour sa carrière, son personnage, sa manière de travailler... J’étais super content de remixer « Over and Over » d’Offer Nissim » également. Et j’ai beaucoup aimé remixer Hurts et Sophie Ellis Bextor.
Y-a-t-il encore des artistes que tu rêves de remixer ?
Oui, heureusement. Il y en a deux. Pink… ca a failli se faire, sur son précédent album et finalement il n’y a pas eu de remixes. Et Cher parce que j’aime sa voix improbable qui colle super bien à la dance, sa personnalité extravagante, c’est une grande dame.
En quoi faire ton propre single a été différent de remixer les autres ?
C’est plus complexe car tu pars avec une feuille blanche. Tout est à créer. C’est plus flippant que pour un remix où tu sais où tu vas. Sur une composition tu n’as pas le droit à l’erreur. Ca fonctionne ou pas. Ca demande beaucoup plus de temps également. Un remix c’est 2 à 3 semaines. « Brighter » il aura fallu quasiment un an avant que l’on soit satisfait du résultat.
Tu écris tes textes ?
J’ai fait toutes les mélodies. Sur « Brighter » oui, j’ai co-écrit avec Gravitonas, un groupe en featuring. Sur le prochain, « Stay awake », en revanche, le texte est de Matthew Koma.
Que raconte « Brighter » ?
« Brighter » nous raconte que même si la vie n’est pas rose tous les jours, il y a toujours des choses, des évènements, ou des personnes auxquelles on peut s’accrocher pour que ça aille mieux, pour nous redonner un peu d’espoir.
Le seul moyen de faire exploser ta carrière c’est d’avoir tes propres productions. Sinon tu finis dans la case du mec qui a fait les remixes de tel ou tel artiste, et c’est assez frustrant. Aucun DJ, ou très peu, ont réussi à exister sur la scène internationale en ne faisant que des remixes. Je suis content de ce que j’ai fait, maintenant j’aimerais être reconnu pour mes propres titres.
As-tu en tête des modèles de carrière que tu admires ?
Il y a surtout des DJs que je respecte. David Guetta par exemple dont on ne peut qu’admirer la carrière. C’est une machine de guerre, digne des grands de la pop, aussi bien en matière de prod, que de travail sur l’image ou de marketing. J’aime aussi beaucoup Offer Nissim. Sur le plan artistique il m’a influencé, et sur le plan personnel, c’est quelqu’un de drôle et touchant.
Est-ce plus difficile comme Français de se faire une place en tant que DJ?
La dance musique française a toujours une bonne cote. De Justice à David Guetta en passant par Daft Punk, Solveig, Sinclar, il y a des choses qui émergent de France. Depuis les années 80 on sait faire de la dance, on n’a pas attendu 2006 et Lady Gaga. En France les média sont assez frileux et il y a des artistes qui n’ont pas l’exposition qu’ils mériteraient, mais tout est histoire de chance, de patience, et de travail.
Des dates prévues en club prochainement ?
Je dois tourner au mois de mars, pour l’instant il est question du MICA Club de Lausanne, ensuite je vais à Val d’Isère à la Doudoune, et je fais une date au Nelson à Limoges. Je travaille également sur plein d’autres dates avant cette été.
Tes clubs favoris ?
En France j’adore le Queen, je m’y sens à l’aise, j’aime bien la clientèle. Le High à Nice, pour la soirée Rainbow Power, c’est à chaque fois de supers moments, c’est blindé, les gens réagissent bien, c’est top.
Et puis il y a Tel Aviv. Quand j’ai joué l’année dernière avec Offer Nissim pour la gay pride, il y avait du monde partout, les gens était à fond, c’était une super soirée, un très bon souvenir.
Qu’est-ce qui t’a plu à Tel Aviv ?
Les gens là bas sont super accueillants. C’est assez dingue de voir cette capacité à profiter de l’instant présent. D’une seconde à l’autre, leur vie peut basculer. J’y suis retourné en novembre et mes amis sur place me disaient que trois jours plus tôt, les rues étaient désertes, qu’il y avait des alertes à la bombe et là tout le monde était dans la rue, à faire la fête. Il y a ce besoin de s’évader et d’en profiter. Les fêtes, le son, à la fois chaleureux, dramatique et festif, tout est génial là-bas. En plus le cadre est top. Y’a plein de restos, la plage, c’est ouvert tout le temps…
Et puis il y a de vrais talents en Israël, autant sur la scène pop qu’électro, les TYP ou Asaf Avidan. Il y a une vraie créativité. Le seul problème c’est qu’ils n’ont pas les connections et c’est un petit pays.
Raconte nous ta rencontre avec Offer Nissim ?
On se parlait par managements interposés avant que je ne le rencontre, à Tel Aviv. Un grand moment. On s’est revus quand il est venu à Paris mixer au Queen où on a joué ensemble puis en novembre a Tel Aviv et je pense que l’on va prochainement travailler sur des titres ensemble.
J’aime ce qu’il fait : ces sonorités clairement gays, ce côté mélo dramatique, c’est très musical, très vocal, ça groove, c’est efficace ! En 20 ans, il a été capable de rester droit dans ses talons, en l’occurrence c’est aussi le cas littéralement pour lui (rires)… Respect !
Ton avis sur le mariage pour tous ?
Je comprends qu’on se pose des questions. Mais on est en 2013 : le monde doit avancer… On demande juste d’être égaux. Je paye des impôts comme tout le monde donc je trouve normal d’avoir les mêmes droits. Je suis assez scandalisé de voir tous les comportements, les commentaires et les réflexions de certains : si on veut partir sur des principes dépassés et médiévaux comme ceux que j’entends, demain je roule en calèche... Ce n’est pas aux « anciennes générations » de dire comment nous devrons vivre demain. Une fois que ce sera passé, on s’apercevra que rien n’a changé (en mal en tout cas). Ca aura juste aidé les gens à mieux s’insérer, à se sentir mieux. Donc oui au mariage pour tous évidemment.
Dans tous tes voyages, quelle ville, quel pays t’ont le plus marqué ?
Israël. J’avais des a priori parce que les médias décrivent ce pays de manière assez négative. Et au final j’ai été très agréablement surpris par Jérusalem et surtout Tel Aviv. Comme les Israéliens m’ont dit: « tu t’es aperçu qu’on ne voyage pas à dos de chameau et qu’on ne s’envoie pas des bombes sur la gueule à longueur de journée. »
Une ville, un pays que tu as préféré ?
Clairement Ibiza. J’y vais depuis que j’ai 17 ans. Je suis tombé amoureux de l’ile. J’espère aller y vivre un jour. Au delà du clubbing, il y a une vraie qualité de vie, les gens ne se prennent pas la tête, ils ne jugent pas. Et les paysages sont beaux.
J’aime beaucoup la Turquie. Un pays exceptionnel, avec une vraie richesse culturelle, et de beaux paysages. Je suis allé à Istanbul, Antalya, et Cappadoce pour faire une randonnée à cheval et j’ai adoré. Le peuple est gentil, chaleureux, festif et généreux. On y a fait des fêtes de folie.
J’avais adoré San Francisco où j’ai vécu deux moi et demi. Une ville à cheval entre le côté démesuré des États Unis et humain de l’Europe. Les gens sont très ouverts.
De toute façon, à chaque fois que je vais dans un pays, je trouve qu’il y a toujours quelque chose d’intéressant à faire.
Ta destination clubbing favorite?
Pour le clubbing gay c’est clairement Barcelone, notamment avec des festivals comme le Circuit ou alors Tel Aviv. Ibiza pour le clubbing « hétéro ».
Une destination de rêve ?
L’Inde, tant pour l’aspect culturel qu’humain. On m’en a dit tout et son contraire. Que c’était magnifique. Que c’était immonde. Que c’était super… Ca m’a donné envie d’y aller.
J’aimerais bien aller aux Seychelles aussi. Juste pour glander.
Tout le monde me dit que je devrais aller au Japon et que j’adorerais, donc pourquoi pas.
Une destination romantique ?
Rome c’est très beau, et romantique. Il y a plein de chose a voir. C’est le premier week-end en amoureux que j’ai fait avec mon compagnon avec qui je suis depuis 7 ans. Venise est très chouette également.
Je suis allé en Suède et j’ai adoré le côte petit village, très calme, pas de bruit, tout mignon, c’est très reposant et très bien pour un week-end romantique.
La destination la plus gay-friendly ?
Clairement, le fait que Tel Aviv soit devenue un spot gay n’a rien de surprenant. Les infrastructures sont top, les gens sont sympathiques, l’ambiance est chouette, les mecs sont beaux, il fait beau toute l’année, et ce n’est pas très loin.
Il y a Ibiza que je trouve plus gay-friendly que Mykonos. Peut être aussi parce qu’il s’y passe plus de choses. Mykonos en gros c’est de la plage, du clubbing et du cruising.
Barcelone est évidemment une destination super gay.
J’ai aussi été surpris par le côté gay-friendly des Turcs. Istanbul, Antalya aucun problème. Bodrum est même une ville très gay, très agréable en bord de mer.
En revanche, la Corse, pas gay-friendly du tout ! C’est très beau, ils sont super sympas, mais je ne me suis pas senti super à l’aise.
Ton prochain voyage ?
La Suisse, à Lausanne. Ensuite, je pense retourner en Israël. Et cet été ce sera très Baléares puisque je vais à Minorque faire du cheval et à Ibiza « faire les connasses ». Mais ca se décide souvent au dernier moment donc on verra.
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Photo de Jordanie, Wadi Rum
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