Pour tous, Amsterdam évoque les vélos à rétropédalage et les vieilles maisons à pignon qui alignent leurs façades penchées le long de romantiques canaux. Pour les gays, Amsterdam évoque aussitôt la ville la plus friendly de la planète. À juste titre.
Avec plus d’une centaine d’établissements gays, la capitale des Pays-Bas reste l’une des villes les plus attrayantes pour les homos. Et aussi celle qui a longtemps été à l’avant-garde en matière de droits LGBT. L’homosexualité y a été dépénalisée en 1811 et le premier bar gay y a ouvert ses portes en 1927 ! Elle est également la première commune au monde à avoir légalisé le mariage homosexuel, le 1er avril 2001.
Amsterdam a d’ailleurs fêté cette année les dix ans des unions homosexuelles avec une grande rétrospective photo à l’hôtel de ville, le Stadhuis. Elle est aussi la première ville à avoir inauguré un monument commémoratif pour la communauté homosexuelle, l’Homomonument. Et le 6 août dernier, elle a été encore une fois la première à voir défiler les homos de son armée dans leurs uniformes officiels pendant la gay pride, une marche des fiertés qui ici a lieu sur les canaux.
Nulle part ailleurs, n’existe une ville aussi tolérante et bienveillante vis-à-vis des homos, mis à part San Francisco, peut-être. Et pourtant, Amsterdam a récemment connu des remous au sein de sa communauté gay. Une sordide histoire d’argent digne d’un roman de gare a poussé les plus grands bars de Reguliersdwarsstraat à la fermeture.
Ainsi, les établissements situés dans la rue gay la plus fréquentée et la plus festive, appartenant au magnat des loisirs, Sjoerd Kooistra, ont fermé leurs portes à la suite de sa faillite personnelle et de son suicide. En 2010, April, Arc, Soho, Havana et Exit, les clubs les plus fréquentés, disparaissaient. Certes, les bars historiques et fétichistes de Warmoesstraat dans le Quartier rouge et ceux de Halvemaansteeg n’ont pas été concernés. Mais, le côté gay festif mainstream a bel et bien disparu.
Amsterdam allait-elle devenir un désert pour les gays ? Impensable. Même le maire de la ville a décidé qu’il fallait faire quelque chose pour redonner des couleurs arc-en-ciel à la Venise du Nord.
La renaissance
Après de longues errances administratives, ces bars ont rouvert leurs portes les uns après les autres, sous de nouveaux noms, certains avec une nouvelle déco, tous dirigés par de nouvelles équipes. Ainsi, pour la dernière gay pride en août, on a pu une nouvelle fois faire la fête au Soho, dans une ambiance inchangée de pub anglais, ou bien à l’Arc rebaptisé Eve, ou encore au Ludwig II en lieu et place du April, repris par le patron du très branché Jimmy Woo, et enfin au Havana qui a conservé le même nom. Seul Exit n’a toujours pas rouvert ses portes. Ces réouvertures sont un soulagement pour toute la communauté gay amstellodamoise et pour les visiteurs étrangers, nombreux à venir goûter à l’atmosphère festive et tolérante de la ville.
D’autres clubs entièrement nouveaux comme Bump ont profité de la place laissée vacante pour faire leur apparition. Judicieusement situé dans Kerkstraat, une rue qui compte déjà d’autres établissemens gays comme le club Church ou les hôtels The Golden Bear et Amistad, cette nouvelle adresse prise d’assaut dès son ouverture se veut sexy, fun et sans attitude. Elle est déjà devenue un incontournable dans le parcours gay amstellodamois qui remonte de Kerkstraat, entre les canaux princiers, vers Warmoesstraat dans le Quartier rouge près de la gare centrale, en passant par Reguliersdwarsstraat et Spuistraat.
La jeune génération gay a choisi de réinvestir De Wallen, le Quartier rouge, fief historique de la scène fétichiste amstellodamoise, pour y implanter des endroits plus mixtes comme le Café Bleu sur le Nieuwmarkt avec une déco paillettes et chandeliers, ou encore le restaurant Getto. Même la scène cuir en a profité pour faire son revival avec l’ouverture en avril du Club Fuxxx, anciennement le Cockring. Soirées uniformes, cuir ou cruising, les vieilles recettes sont reprises dans un nouveau décor. Hans, une bombe tout en muscles et en cuir tout droit sorti d’un album de Tom of Finland, explique : « Amsterdam n’a pas à entrer en compétition avec d’autres villes européennes pour le statut de capitale gay. Elle l’a toujours été. Et si elle a montré la voie aux autres, tant mieux. Tout le monde est bienvenu ici. »
S’il est vrai qu’Amsterdam compte bien plus d’endroits gays que beaucoup d’autres villes européennes, les récents remous lui ont permis de revitaliser une scène trop marquée années 1980 et 1990 au goût de certains. La capitale gay européenne se renouvelle donc tout en conservant sa tolérance légendaire et en préservant son gezellig, le bien-être à la sauce hollandaise.
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(Photo d'illustration © Laurence Ogiela)
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