Baroque et populaire, joyeuse et bruyante, sale et violente : Naples attire et inquiète à la fois. Elle ne se livre pas facilement au premier venu. Il faut la découvrir pas à pas. Ne pas s’arrêter aux poubelles qui débordent et aux tas d’immondices qui jonchent ses rues chaque fois que l’État et la mafia se disputent le lucratif marché des déchets.
Car Naples est une des plus anciennes villes d’Europe. Châteaux, palais baroques et passages couverts parsèment le centre historique classé au Patrimoine mondial par l’Unesco. Bâtie en amphithéâtre le long d’une magnifique baie, qui abrite des perles comme les îles de Capri, Ischia et Procida, elle est dominée par l’imposante silhouette du Vésuve. C’est l’alliance de l’eau et du feu. Un labyrinthe géant de rues et un enchevêtrement de collines qui se déroulent jusqu’à la mer.
Le château Sant’Elmo et la chartreuse San Martino, sur les hauteurs de la colline du Vomero, offrent un impressionnant point de vue sur la ville tentaculaire. Partout dans les rues des autels sont ornés d’images pieuses de madones fanées. Il faut dire que la ville compte un nombre incroyable d’églises, preuve de la ferveur religieuse des Napolitains. Et de l’influence du Vatican, pas vraiment gay-friendly. Le site Gay Friendly Italy a d’ailleurs classé Naples au niveau 5 d’homophobie (… sur 6), loin derrière Milan ou Rome. Pourtant, il existe bel et bien une communauté LGBT et si les gays vivent cachés pour être heureux, il suffit de frapper aux bonnes portes pour les rencontrer.
Une communauté discrète
Carlo et Marco, en couple depuis seize ans et responsables de l’association gay I Ken, expliquent : « À Naples, comme dans pratiquement toute l’Italie, on ne dit pas qu’on est homo, ni en famille ni au travail. Ici, toute la vie gay est plus ou moins cachée : les bars, les boîtes, comme les magasins spécialisés. Mais ce n’est pas pire que dans le Nord du pays où le parti politique de la Ligue du Nord, particulièrement homophobe, a remporté les dernières élections. »
Si les associations LGBT locales organisent chaque année une gay pride, cette marche des fiertés napolitaine est mieux suivie et plus visible depuis peu. « Cette année, on aimerait organiser une gay pride méditerranéenne, mais comme pour tout ici, les dissensions politiques internes n’aident pas vraiment à la réalisation de tels événements. » Mais, pour la première fois en octobre 2010, Naples a quand même organisé un festival de cinéma gay et lesbien.
En général, les gays napolitains se retrouvent dans le piccolo ghetto, surnom donné à la jolie piazza Bellini dans le centre historique. La communauté se réfugie sous les tonnelles des terrasses de café, et côtoie le milieu littéraire et les étudiants qui arpentent les étals des marchands de livres anciens et des antiquaires autour de la place. Un repaire idéal pour repérer de beaux Napolitains au regard noir. Et un endroit plutôt sécurisé où on ne craint pas les agressions homophobes dans une ville où toute marque d’intimité en public est déconseillée.
Il existe d’autres lieux de drague comme la piazza del Municipio, la piazza Carlo III, le corso Meridionale ou l’hippodrome Agnano, mais il faut rester vigilant. Mieux vaut sortir dans les bars et les boîtes gays discrets mais bien implantés comme Macho Lato, Dépôt (ici aussi !) ou The Basement. Et se renseigner auprès des associations locales pour les soirées gays itinérantes organisées régulièrement comme Reinas.
Ci-dessus, la "Campania Pride", dans les rues de Naples
De nombreux établissements LGBT réclament la carte de membre d’Arcigay. Elle est valable un an et coûte 15 euros pour les Italiens et 7 euros pour les étrangers. C’est à la fois un moyen de contrôler l’accès aux établissements homos et une façon de financer l’association gay nationale du même nom, la plus importante dans la lutte pour défendre les droits des LGBT.
Mais ne pensez pas que Naples connaît plus d’agressions homophobes que d’autres villes. C’est faux. Et surtout laissez-vous aller à apprécier sa beauté. Même si elle est parfois cachée.
Bien sûr, les décors baroques du Duomo, la cathédrale de Naples, ainsi que le Palazzo Reale et la galerie couverte Umberto I méritent une visite. Mais il faut se perdre dans les rues de Naples pour ressentir son âme. On ne peut alors s’empêcher d’apprécier les palazzi, certains rénovés et d’autres laissés à l’abandon tels des chefs-d’œuvre en péril, témoignages de la splendeur passée de la ville.
Si Naples n’est pas riche, elle est exubérante et déborde de vie. C’est la Comedia dell’Arte grandeur nature !
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