Petite sœur de Los Angeles, San Diego n’en a pourtant pas la notoriété de ce côté-ci de l’Atlantique. Tout juste est-elle connue en France pour avoir servi de cadre à quelques films comme Top Gun, avec un Tom Cruise irrésistible dans ses jeunes années, et le mythique Some Like it Hot, dans lequel Marilyn Monroe accompagnée de Tony Curtis et Jack Lemmon en musiciens travestis se cachent dans l’Hôtel Coronado pour échapper à la mafia de Chicago.
La ville californienne est aujourd’hui tout aussi populaire que dans ces années 1950. Son cadre de vie est envié par des millions d’Américains, et les familles se ruent chaque été sur ses plages de sable fin. « San Diego est une ville où l’on vit dehors avec la mer d’un côté et le désert à moins de deux heures de route de l’autre. Ses habitants cultivent un mode de vie sain pour le corps, “a healthy lifestyle”, comme on dit ici ! », assure Joe, gay qui vit depuis vingt-cinq ans à San Diego. De fait, tout le monde ici semble passer son temps à pratiquer des activités sportives : jogging, vélo, base-ball...
Un défilé de militaires sexy
Première implantation européenne en Californie (en 1769 !) dont subsistent à Old Town quelques maisons de bois tout droit sorties d’un western, San Diego fut pendant longtemps une cité californienne tranquille vivant à l’ombre de l’exubérante San Francisco et de la tentaculaire Los Angeles.
Le paysage de son immense baie ne s’est véritablement transformé qu’à partir de 1945. « San Diego a grandi avec l’essor de la classe moyenne, qui a supplanté les retraités venant couler ici des jours paisibles, avant de s’internationaliser sous l’effet de l’arrivée de nouvelles communautés », ajoute Joe. Les militaires sont eux toujours bien présents parmi les 1,3 million d’habitants de la ville qui cache au nord une base de Marines et abrite dans son port la flotte américaine du Pacifique.
Imposants et bien tanqués, il y en a pour tous les goûts : militaires en treillis, en costume d’officier le jour ou de cérémonie le soir, marins de la Navy en uniforme ou en civil, plutôt cools, version sportswear… Le défilé est plutôt sexy ! « La vie des militaires gays est devenue plus facile à San Diego suite à l’abrogation en septembre 2011 de la loi “Don’t ask, don’t tell” », estime Clark, un jeune G.I.
Ce principe de « ne pas demander, ne pas dire » imposait en effet depuis 1993 aux soldats de cacher leur homosexualité sous peine d’être renvoyés de l’armée américaine. Après cette abrogation voulue par le président Obama, les militaires sont plus nombreux à s’afficher dans les bars gays et très actifs sur les sites de rencontres comme Grindr. Cette liberté retrouvée est d’autant plus facile à vivre que San Diego s’affiche ouvertement gay-friendly avec plusieurs adjoints et membres de commissions siégeant à la mairie qui appartiennent à la communauté LGBT.
Pour la première fois en 2012, des militaires défilent en uniforme à la gay pride de San Diego © DR
Dominant la ville au nord, Hillcrest constitue le quartier homo historique même si beaucoup de gays et lesbiennes ont migré vers North Park et University Heights, quartiers voisins qui se parent peu à peu des couleurs du rainbow flag. University Avenue et ses rues perpendiculaires compte l’essentiel des bars, clubs, restaurants, salles de sport, saunas et autres établissements destinés à la communauté LGBT.
Celle-ci est particulièrement active lors des événements festifs que sont Halloween, Thanksgiving, Hillcrest CityFest (en août), le Gay San Diego Rodeo et le Festival du film gay et lesbien (tous deux en septembre). Le point d’orgue de ce calendrier est évidemment la gay pride dont l’édition 2013 se déroulait le samedi 13 juillet, avec en prime durant tout le week-end le LGBT Pride Festival sur les pelouses de Balboa Park.
Poumon vert de la ville, cet immense parc est dominé par les élégants édifices de facture néocoloniale espagnole de l’exposition California-Panama de 1915. Ce lieu hors du temps abrite aujourd’hui des centres culturels, plusieurs théâtres et une quinzaine de musées sur tous les thèmes, du design à l’histoire naturelle en passant par l’air et l’espace, la photographie et les Beaux-Arts. Balboa Park compte une autre attraction majeure de la ville, le zoo, dont les milliers d’animaux sont particulièrement bien intégrés à une nature luxuriante. Seuls les pauvres ours blancs ont l’air d’avoir… un peu chaud !
Côté visites justement, San Diego joue avec son port la carte maritime voire marine avec d’abord l’incontournable Seaworld et le show de ses orques géantes. Avec son Musée maritime ensuite qui expose deux sous-marins dont un étonnant submersible soviétique datant de la Guerre froide, mais aussi une flottille de vieux gréements et de répliques plus vraies que nature à l’instar du Surprise, vaisseau star depuis ses participations dans Master and Commander et la série des Pirates des Caraïbes. Un passage obligé pour tous les fans de Russel Crowe ou de cette folle hystérique de Jack Sparrow !
Quelques pas suffisent pour embarquer à bord du porte-avions Midway qui a pris à San Diego une retraite bien méritée après avoir servi dans la Navy de 1945 à 1992. L’immense bâtiment gris expose dans ses entrailles et sur son ponton d’envol les différents types d’avions et d’hélicoptères utilisés par la marine américaine depuis le Chance Vought F4U Corsair, le fameux appareil de « Pappy » Boyington (alias Robert Conrad) dans la série Les Têtes brûlées. Un « harbor tour» ou une croisière en bateau permettent d’apprécier à distance ces « reliques » avec en fond d’écran les gratte-ciel de Downtown.
Compétition de « flip cup »
Mais San Diego n’est pas qu’une destination touristique, la vie gay y est particulièrement libérée et active. Le programme des réjouissances à venir s’étale au fil des quarante pages du magazine LGBT Weekly, la bible pour ne rien manquer lors de son séjour. Les soirées dans les bars commencent tôt, dès 17 h ou 18 h pour l’happy hour, l’ambiance s’échauffant au rythme des verres de bière. On peut commencer la tournée par quelques bars de quartier que certains trouveront plus authentiques à l’image du Loft à l’atmosphère chaleureuse ou du Caliph « pour les jeunes qui aiment les vieux et vice versa », précise sourire aux lèvres Mark, élégant éphèbe qui y a ses habitudes.
À la Fiesta Cantina, l’ambiance est déjà au top le temps d’une compétition de « flip cup ». La règle est simple : deux équipes de mecs (et une fille ce soir-là) s’affrontent autour d’une table afin de retourner d’une pichenette un gobelet posé en équilibre sur le rebord. Les deux groupes se déchaînent à mesure que les relais s’enchaînent et que chacun avale un demi-verre de bière une fois l’exploit accompli. À quelques mètres de là, Urban Mo’s dévoile en ce samedi soir une autre image de l’Amérique, avec son dance-floor envahi par de séduisants danseurs en ligne. Plusieurs sont torse nu, pecs saillants et chapeau de cow-boy vissé sur la tête pour cette soirée country hebdomadaire. Le décalage est total avec les drag-queens accoudées au bar portant perruque et diadème.
À l’approche de minuit, ces cendrillons et cow-boys d’un soir comme la majeure partie des homos d’Hillcrest mettent le cap sur Rich’s, le club branché de l’avenue. Il n’y a pas de temps à perdre car les platines s’arrêtent à 2 h du matin quand l’achat d’alcool devient prohibé. Rich’s ouvre régulièrement ses portes en semaine aux filles (mais les garçons sont « welcome », assure le videur), des soirées dont l’audience et l’ambiance survoltées dépassent presque celles du samedi lorsque ces messieurs sont les dieux de ce temple de l’électro
La semaine gay possède aussi ses rendez-vous incontournables tels le brunch chez Babycakes et le barbecue dominical de Pecs. Sans oublier l’happy hour du jeudi soir sur la terrasse de l’Inn at the Park, l’hôtel gay-friendly du quartier. C’est « the place to be », toujours bien fréquenté de jolis garçons ayant dépassé la trentaine. L’été, il faut savoir y jouer des épaules pour se frayer un passage dans la foule. A fortiori le 4 juillet, jour de la fête nationale, quand les gays viennent s’émerveiller devant le feu d’artifice illuminant la baie. Une soirée incontournable pour faire d’agréables rencontres…
La plage de Black Beach à La Jolla (cf ci-dessous) © Stéphane Jaladis
Sur la plage abandonnée
San Diego est indissociable de ses immenses plages et de ses surfers musclés, moulés dans leur combinaison de Néoprène noir. Pour bronzer en speedo sexy ou dans le plus simple appareil, les gays ont leurs habitudes à Black’s Beach située au pied des falaises de La Jolla, la Beverly Hills locale, au nord de San Diego. Attirant l’été jusqu’aux beaux mâles de Los Angeles ou d’Arizona, l’endroit est isolé et connu des initiés car il faut trouver le bon chemin (près du club house du Torrey Pines Golf Course) permettant de descendre jusqu’à la plage.
Pour l’accessibilité et le côté « fun » très côte Ouest, mieux vaut poser sa serviette à Ocean Beach ou Pacific Beach. La première se veut hippy chic, la seconde plus branchée. Plus proche encore car située au cœur même de l’immense baie, l’île de Coronado, connue pour son célèbre hôtel en bois datant de 1889. Occupée pour moitié par l’armée de l’air américaine, Coronado est une enclave à part dont les vingt mille habitants cultivent leur mode de vie privilégié. Les baigneurs y sont toutefois nombreux ignorant par habitude les avions de combat et les hélicoptères qui croisent dans le ciel. Ils sont tout aussi peu surpris par les bancs de dauphins qui nagent à quelques mètres du bord et que l’on pourrait presque toucher avec la main. Un spectacle magique.
Découvrez San Diego gay-friendly en louant votre appartement sur misterbandb.com
Des appartements chaleureux, des chambres privées et de magnifiques maisons : découvrez l'hospitalité gay dans plus de 200 pays.
Appartements, chambres, maisons : découvrez l'hospitalité gay