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juil.
07
2013

Dolce Vita à la romaine
07 juil. 2013
par Laurence Ogiela / TETU

Dolce Vita à la romaine

À l’évocation de Rome, on pense immédiatement aux gladiateurs du Colisée, aux soutanes du Vatican et… aux mules Prada ! Car quel meilleur endroit que la ville éternelle pour rêver devant les statues antiques de l’Empire romain, pour dévaliser les créateurs de mode italiens, et s’adonner à la « passegiatta » tels les acteurs des films romantiques des années 1960 ?

Il faut dire que Rome est un véritable décor de cinéma. Si la via Veneto et la fontaine de Trevi, emblématiques de la Dolce Vita de Fellini, sont devenues des attrape-touristes, on aime toujours autant s’imaginer à la place d’Anita Ekberg hurlant « Marcello ! » à un bel Italien ténébreux. Le parcours romantique passe par les incontournables piazza Navona, piazza dei Fiori, et le quartier populaire du Trastevere, de l’autre côté du Tibre. On loue une Vespa  et on se joue un remake de ­Vacances romaines dans le rôle d’Audrey Hepburn ou de Gregory Peck, selon l’humeur. Pas moyen d’échapper au concert de klaxons dans cette ville envahie par les voitures, mais le deux-roues reste le moyen de locomotion le plus pratique et le plus mythique. Même si aujourd’hui les Vespa vintage côtoient les scooters de marques ­asiatiques, et si les Fiat Cinquecento classiques se font rares face à leur version moderne.

Les « Audrey dans l’âme » et les ­fashion divas flâneront devant les vitrines de luxe de la via dei Condotti et les boutiques de la via del Babuino, près des marches de la place d’Espagne. Prada, Gucci, Ferragamo, Dolce & Gabbana… C’est le moment de refaire sa garde-robe à un prix indécent.

Les adeptes de la « Gregory Peck attitude » rejoindront plutôt la passegiatta, la promenade rituelle où des garçons plus beaux et plus apprêtés les uns que les autres se pavanent à chaque coin de rue. Clins d’œil appuyés et sourire ravageurs… à vous de faire le reste !

Dans le centre historique, sur la via dei Fori Imperiali, ce sont des siècles d’histoire qui défilent sous vos yeux, avec un amoncellement de monuments de toutes les époques. Partout, vous contemplent des statues antiques d’hommes nus – guerriers, éphèbes, empereurs ou dieux aux attributs provocants. Avec en ligne de mire l’imposant Colisée. Hmmm… Les gladiateurs et Spartacus : on frémit d’excitation à imaginer ces joutes viriles.

Il faut dire que Rome, nourrie des mythes de l’Antiquité, a longtemps véhiculé l’image d’une ville propice à l’amour entre garçons. Mais si sexe et hémoglobine régnaient du temps des empereurs romains et des gladiateurs, il y a longtemps que les soutanes, ­Berlusconi et l’homophobie d’État ont pris le relais. Il est vrai que la Ville éternelle aligne des églises et des coupoles à perte de vue, avec celle de la basilique Saint-Pierre du Vatican qui domine toutes les autres – et toute la ville. Mais reconnaissons que les trésors des musées du Vatican valent le détour.

Une ville crypto-gay
Rome est un paradoxe : elle est à la fois antique et moderne, élitiste et populaire, pieuse et décadente. Si le Vatican n’est pas très tendre avec ses ouailles homosexuelles, ça n’empêche pas les gays romains de s’amuser. Il n’y a pas de quartier gay à Rome, seulement une rue : la via di San Giovanni in Laterano, rebaptisée « Gay street » par la communauté LGBT. Son emplacement, face au Colisée est unique au monde et tous les gays s’y donnent rendez-vous au bar Coming Out, le seul bar homo ouvert toute la journée et le soir. « On a ouvert le Coming Out en 2001, explique Annalisa, qui possède le bar avec deux copines. Au début, les voisins jetaient de l’eau sur les ­clients depuis les appartements au-dessus et on a même eu une tentative d’incendie. Mais ça s’est calmé et même les bars à côté s’affichent gay-friendly tellement il y a de monde dans la rue le soir. On essaye de négocier avec les autorités pour que la rue devienne piétonne sur cette partie, mais c’est toujours compliqué. » Annalisa sait de quoi elle parle. En plus du Coming Out, elle possède une boutique de souvenirs gays plus haut dans la rue et essaye d’ouvrir un cruising bar dans le quartier avec son ami Diego, l’ancien directeur artistique de la soirée gay hebdomadaire Muccassassina.

rome laurence ogiela
Muccassassina, la soirée gay de Rome © Laurence Ogiela

« La vie gay est paradoxale en Italie, explique Diego, originaire de Naples. À Rome, tu fais ce que tu veux, mais il ne faut pas s’en vanter. On n’est pas loin du Vatican, et pourtant ça drague dans le parc de Monte Caprino et sur le Circo Massimo à côté du Colisée. Dans les années 1960-1970, Pasolini et ses copains draguaient carrément dans le Colisée qui, à l’époque, était ouvert la nuit. » Et Pier Paolo Pasolini savait de quoi il parlait, lui qui disait : « Rome ne serait pas aussi belle sans les garçons. Comme dans toutes les villes méridionales et maritimes, ce sont les garçons qui lui donnent le ton. » Et les beaux mecs virils et ténébreux sont légion dans la via di San Giovanni in Laterano.

Par contre, les soirées gays n’ont pas lieu au centre de Rome, mais dans des quartiers périphériques à quinze minutes en taxi, dans des méga clubs comme les affectionnent les Italiens. La soirée la plus ancienne, Muccassassina, est organisée depuis vingt-deux ans par l’association gay romaine Mario Mieli. Elle a lieu tous les vendredis soir au Qube, une énorme discothèque avec quatre pistes de danse différentes et une darkroom. Des drag-queens dégoulinantes, semblables à une Cicciolina sur le retour, animent la soirée avec une bande de go-gos qui se déhanchent sur la « sigla », l’hymne de la soirée. Car chaque soirée a son propre tube que tous les clubbeurs connaissent par cœur et qu’on se doit de chanter et de chorégraphier en début de soirée. Le samedi soir, c’est Pepa, une charmante idiote, qui anime la soirée « Gorgeous I am » à l’Alpheus. On y croise de très beaux go-gos, souvent hétéros, en salopettes suggestives.

Photo prinicipale © Laurence Ogiela

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